Voici tout juste deux mois, nous sommes partis avec des copains pour une randonnée un peu particulière dans le massif de la chartreuse. L'un d'entre eux, travaillant à l'époque dans une librairie grenobloise, est tombé sur le livre de Pascal Sombardier intitulé Chartreuse inédite : Itinéraires insolites (1). L'auteur raconte comment il a découvert des arches, des formations géologiques ressemblant à des ponts. Personne avant lui ne les avait identifées car elles se situent dans un endroit difficile d'accès. Nous décidâmes d'aller nous aussi à la rencontre de ces arches, le livre ne fournissant que de vagues explications car l'auteur souhaite que l'endroit reste secret. Une sorte de récompense pour celui qui part à la chasse au trésor !

La montagne, ça vous gagne

Il nous faut prévoir environ huit heures, dont sept heures de marche : quatre à l'aller et trois au retour. Nous nous rendons à Saint-Bernard-du-Touvet, village réputé pour ses pistes de ski de fond. C'est dimanche, il est 9 heures et Météo France a prévu des orages pour la fin d'après-midi, orages qui n'arrivèrent d'ailleurs jamais ;-)

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Après avoir traversé une forêt, nous arrivons en face de la falaise. Le sentier est balisé, il tortille jusqu'en haut de la crête. En bas à gauche de la photo, on devine des barrières blanches (derrière l'arbre au premier plan). Un paysage de toute beauté mais tout de même un sacré dénivelé !

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En deux heures et demie, nous passons d'environ 1000 mètres à 1830 mètres. Ca grimpe sec ! Mais maintenant que le passage de l'Aulp du Seuil est atteint, le plus dur est fait. Nous continuons de marcher le long de la crête.

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Nous arrivons au Vallon de Marcieu, le paysage est grandiose, avec des montagnes et des prairies à perte de vue (les petits points blancs sur la photo sont des moutons).

Descente vers les arches

Après avoir cherché des indices, nous trouvons un passage. D'après le livre, nous aurions dû trouver un petit cairn, mais nous sommes passés à côté, empruntant un itinéraire un peu plus long (nous ne l'avons vu que sur le chemin du retour). Après une succession de petites descentes et de longues lignes droites, nous arrivons en vue d'un ravin. L'inclinaison est d'environ 75%. Impossible de distinguer le fond, de la brume poussée par un vent froid remonte vers les hauteurs. Pourtant il est bientôt 13 heures. Nous voyons des randonneurs qui remontent, s'aidant d'une corde accroché autour d'un arbre.

Evidemment, nous n'avons aucun équipement, pas de casque, pas de gants, pas de cordes... rien. Alors nous décidons de descendre le ravin sur les fesses, ça se fait assez facilement. Au bout d'une trentaine de mètres, nous quittons le ravin pour nous engager sur un petit sentier le long de la falaise. Nous touchons enfin au but !

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Une silhouette fantômatique se détache dans la brume : c'est la tour percée, nous voilà arrivés !

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Miracle, quelques minutes après être arrivés, la brume se lève enfin ! Le paysage se dévoile : voici la tour percée sur fond de vallée du Grésivaudan.

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De l'autre côté, l'arche double s'offre à nous. Nous profitons alors des rayons du soleil pour pique-niquer en-dessous. Un copain en a profité pour déboucher une bouteille, le silence de la montagne amplifiant le bruit du bouchon qu'on fait sauter ;-)

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Une autre photo pour vous donner une idée de la dimension de l'arche double. Je n'ai pas pu reculer davantage car il y avait une paroi rocheuse derrière moi.

La remontée

Il est déjà 14 heures passées et il nous faut remonter puisqu'il nous reste trois bonnes heures de marche.

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Le fameux ravin qu'il nous faut prendre en sens inverse, à la force des bras, presque couchés sur l'herbe. On pouvait heureusement s'aider avec les nombreuses racines qui perçaient du sol.

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La brume étant parti, le paysage est nettement plus beau. On distingue la tour percée à gauche et l'arche double en bas à droite.

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Vue imprenable sur la vallée du Grésivaudan. En face, sous les nuages, l'imposante chaîne de Belledonne qui culmine à un peu moins de 3000 mètres.

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Et voici l'autre trouvaille de Pascal Sombardier, l'arche miracle. Miracle car le point de contact entre les deux bras de l'arche ne porte que sur quelques dizaines de centimètres. Par contre, impossible de descendre puisqu'il faut obligatoirement avoir du matériel d'escalade.

Nous sommes arrivés à Saint-Bernard-du-Touvet aux alentours de 18 heures, assez fatigués. Nous sommes rentrés chez nous les jambes lourdes mais des souvenirs pleins la tête.


(1) Pascal Sombardier, Chartreuse inédite : Itinéraires insolites, Glénat, coll. « Montagne Randonnée », 2006 (ISBN 2723453960)